Alan Gilsenan
The Irish QuestionLaissez-moi vous conter l’épopée (modeste mais intensément irlandaise) d’Alan Gilsenan, réalisateur, écrivain, homme de théâtre. En bref, un mec qui nous la raconte …
Né en 1962 en Irlande, Alan grandit dans la lumière vacillante d’un pays en pleine mutation : école, Dublin, bibliothèque, rêves de projecteur. Il fréquente le très sérieux Trinity College Dublin, où il obtient brillamment un diplôme du « Modern English and Sociology ». Mais si d’aucuns auraient choisi la voie professorale – par excès de romantisme ou de confort- voilà que notre homme choisit de devenir réalisateur
Le goût du documentaire (et de l’inconfort)
Dès ses débuts, Gilsenan s’intéresse aux zones sombres et déjà, son documentaire de 1990, The Road to God Knows Where, laisse entrevoir l’itinéraire d’un gamin qui pointe sa caméra là où ça dérange. Ensuite viennent des portraits de maisons psychiatriques, d’hospices, des vies qu’on ne projette pas à la fin d’un blockbuster. Comme The Asylum (hôpital psychiatrique), I See a Darkness (le suicide en Irlande) … Alan Gilsenan filme l’ombre mais avec un regard profondément humain. Pas cynique, pas voyeur, juste savamment curieux. Et ça fait toute la différence. Comme tout explorateur des zones obscures, Alan ne reste pas cantonné au documentaire. Il aborde la fiction, les expérimentations visuelles – par exemple le film Timbuktu (2004) ou encore Unless (2016), et passe du témoignage brut aux histoires construites.
Un art engagé
Pourquoi il est notre invité cette année chez Under My Screen ? Parce que Gilsenan n’est pas un simple metteur en scène, il est un artisan qui replace la caméra là où on ne l’attend pas. Et ca, chez UMS, on adore !
Alan, c’est l’artiste engagé, c’est le sensible provocateur. Il aime filmer les fragilités, les tabous, les marges (ça aussi, on en raffole). Sans glamour inutile, sans faux-semblant ou paillettes. On sent qu’il aime l’humain dans ce qu’il a de puissant et de brisé. On sent qu’au matériau noble, il préfère le geste juste.
Pourquoi on aime ?
- Parce qu’il prouve qu’on peut faire du « cinéma engagé » sans être une suffragette surannée.
- Parce qu’il ne sacrifie pas l’émotion à la preuve. Il cherche ce que d’autres évitent : la vérité de la douleur, la beauté de la lutte.
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Parce qu’il représente ce que nous aimons chez Under My Screen: la rigueur du fond et la folie de la forme.
Enfin, Alan Gilsenan, c’est ce réalisateur irlandais qui manie la caméra comme un funambule marche sur un fil : un peu bancale, un peu risqué, mais toujours beau à voir.
Autant dire qu’il a tout pour parler à un festival comme Under My Screen, ce pont insulaire entre la Corse, la Grande-Bretagne et l’Irlande. Gilsenan, c’est justement cette ligne de crête où se croisent le flegme britannique, la mélancolie irlandaise et l’engagement méditerranéen.
Sous le soleil d’Ajaccio, son film va trouver sa place comme le parapluie de Mary Poppins sur la lande de Connemara : incongru, magique, mais terriblement juste.

